Née en Auvergne en 1973, de parents immigrés d’Algérie, Dalie Farah est agrégée de lettres et enseigne en classes préparatoires à Thiers. Auteure de deux romans parus chez Grasset, Impasse Verlaine (2019) et Le doigt (2021) tous deux primés, Dalie Farah viendra à notre rencontre évoquer son travail et son engagement dans l’écriture. « Partager la matrice d’un livre, son artisanat et la puissance d’évocation de la littérature : comment on peut créer un monde avec des mots. Ce qui est important aussi pour moi, c’est que la littérature soit toujours un écho, que très vite il ne s’agisse plus de moi ni de mon livre mais d’un moment de vie, d’une prise de conscience de soi à travers une œuvre. » Impasse Verlaine raconte deux enfances, et un lien. L’enfance d’une petite Berbère dans les montagnes des Aurès et celle de sa fille à Clermont-Ferrand. Impasse Verlaine, c’est aussi l’histoire de deux impasses entremêlées. Impasse de la condition féminine pour la mère, mariée et enceinte sans l’avoir voulu. Tandis que pour la narratrice, l'impasse se trouve être cette mère brutale, avare de tendresse. La délivrance de l’une et la reconnaissance de l’autre viendra de l'écriture. « On peut survivre à tout, quand on survit à sa mère ». « J’ai voulu raconter la force, la douleur, la violence, la complexité du lien entre une mère et sa fille, j’ai écrit à partir de ma matière biographique mais aussi de vies de femmes rencontrées. J’avais envie d’une course, que le lecteur puisse revivre cette pulsion de vie qu’est l’enfance. » Le doigt est une fiction autobiographique et une réflexion sur la violence. « Le geste est né, une évidence réflexe. Elle lève la main droite, un poing, déplie le doigt, le majeur, et elle brandit. Fort et haut. Raide. Elle bande. De son bras et de son doigt. D’honneur. » « Elle déteste qu’on lui fasse peur, surtout qu’un homme lui fasse peur. L’homme sort de sa voiture, hurle : « Recommence ». Elle recommence. Il la gifle brutalement. Ce n’est pas la première fois que la femme rencontre la violence. Pourquoi un tel geste ce matin-là, devant le lycée où elle enseigne ? Quelles en seront les conséquences ? » Entre burlesque et lucidité profonde, L’écriture interroge la question de l’origine de la violence. Celle qu’on subit, celle qu’on exerce, celle qu’on désire, celle qui arrive inévitablement, quand on est femme, quand on est arabe, quand on est prof. Grand prix de l’héroïne Madame Figaro en 2021.